Cette huitième édition du rapport annuel comprend une synthèse et une analyse de l’antisémitisme en France. Ce rapport est l’occasion de faire le point sur cette situation particulièrement préoccupante qui doit être partagée largement.
Nous constatons une baisse de 31 % du nombre de plaintes pour des actes antisémites cette année par rapport à l’année 2012, scandaleuse, où l’horreur des meurtres de Toulouse avait déclenché contre toute attente une flambée inouïe de violence. Nous demeurons très préoccupés par la situation actuelle car le nombre d’actes antisémites s’inscrit dans la moyenne inquiétante de la dernière décennie. Cette inquiétude est aggravée par l’accroissement particulièrement net des actes violents en ce début d’année, répercussion de l’affaire Dieudonné et du débordement de la manifestation « Jour de colère », manifestation où des cortèges ont scandé « Juifs, hors de France », « Juif, la France n’est pas à toi ».
Nous abordons donc l’année 2014 avec appréhension, voyant ce mal qui se banalise, son acceptation étant de plus en plus répandue, prenant comme alibi le droit à la liberté d’expression, et ceci souvent dans des sphères inattendues, au détour d’alliances improbables, voyant l’augmentation des harcèlements, des incivilités, des violences dans les écoles, aux abords des synagogues et établissements juifs.
Malgré des gouvernements successifs qui multiplient depuis 13 ans des déclarations et des actions sincères et déterminantes dans cette lutte, malgré les interventions d’intellectuels, journalistes et experts en lutte contre ces développements, cet antisémitisme polymorphe ne fait que se développer.
A côté de l’intervention sur le terrain judiciaire, notre réponse doit être générale et faire une place prépondérante à l’éducation à tous les niveaux ainsi qu’à des efforts de rapprochement entre communautés. Il nous semble indispensable de raviver un plan interministériel, sous l’égide du Premier Ministre, doté de moyens conséquents pour soutenir des programmes transversaux de prévention et d’éducation. Ce n’est qu’à ce prix que l’on pourra faire baisser de façon significative cette violence ciblée. Si nous regardons les recensements de la totalité des violences racistes, plus de 40 % d’entre elles sont à caractère antisémite alors que la communauté juive représente moins de 1 % de la population.
Le cancer de l’antisémitisme est le problème de tous. Il touche toute la société et il est important que chacun d’entre nous le combatte inlassablement.
Éric de Rothschild Président du SPCJ